Samedi 16 mai, Aubervilliers, Théâtre de la Commune.Débat après la pièce "81 avenue Victor Hugo" avec les 8 acteurs, le metteur en scène, Olivier Coulon-Jablonka, les 2 co-écrivains de la pièce, Barbara Métais-Chastanier et Camille Plagnet, et Stefan Le Courant, anthropologue chercheur sur les sans-papiers.
81 avenue Victor Hugo est une adresse connue à Aubervilliers, celle de Pole Emploi, celle d'un site fermé par l'administration il y a plus d'un an. Alors qu'ils et elles s'étaient fait-e-s expulser de précédents squats de logement, des sans-papiers s'étaient retrouvé-e-s à la rue au printemps 2014. Un jour, ils et elles ont trouvé l'ancien local de Pole Emploi ouvert. Ils et elles sont depuis 72 à y habiter. Le tribunal vient de décider qu'ils et elles pouvaient y rester un an de plus.
La pièce rapporte les témoignages réels des voyages puis d'une partie des difficultés des sans-papiers. Un seul acteur évoque la Françafrique et les raisons politiques exogènes et raisons économiques des migrations. Le tract parle de migrants de Côte d'Ivoire, et il y aurait tant à dire sur la politique française catastrophique dans ce pays dans les années 2000.
Le débat permet ensuite de parler des sans-papiers en général, du groupe présent et de la pièce. Stefan Le Courant insiste sur les arrestations régulières jusqu'à 100 000 pour 6 000 expulsions, sur les effets de la vie sans papiers : la perte de repères, l'incompréhension de la logique de l'Etat, le doute de tout même avec les proches, l’hyper-vigilance et le stress, l'omniprésence de l'argent pour trouver des solutions. Il évoque aussi le travail dans la restauration, la sécurité, le bâtiment, domaine où le travail n'est pas délocalisable.
La troupe de théâtre a rencontré en octobre novembre 2014 des habitants du 81 avenue Victor Hugo. Quelques-uns se sont portés volontaires pour être comme des porte-paroles du groupe au travers du théâtre, pour continuer la lutte collective, pour les papiers et le logement. Il n'y a pas eu de femmes parce qu'à l'automne, elles étaient peu nombreuses dans le lieu et parce qu'elles avaient plus de difficultés à se rendre disponibles. La pratique du théâtre a donné confiance aux acteurs, mais les autres dans le squat restent avec leur peur.
La question de la mise en scène du parcours de migration pose question aussi. Est-ce des "aventures" vers des "destins" ? qui sortent des spectateur-trice-s d'une routine ? Il y a aussi des éléments vécus pas facilement transposables en langage théâtral.
Le théâtre de la Commune, pourtant Scène nationale, a pu accueillir cette pièce grâce aux Pièces d'actualité, un espace plus libre de programmation, parce que, sinon, les programmations sont faites sur un an, et qu'il faut donc en général 2 ans entre le démarrage d'un travail et le passage sur scène.
Alors que je sais que le ministre de l'intérieur est parti au Niger pour parler des migrations et que l'Union européenne décide d'une force navale au large de la Libye (EUNAVFOR Med confirmée le 18 mai), je ne préfère pas intervenir sur la relation entre politique intérieure et politique étrangère française, parce que les témoignages des migrants sont personnels et peu liés à des questions de politiques générales et que dans le public, il y a quelques personnes avec des positions caricaturales dénonçant le "grand capital" responsable de tous les maux de la terre!
En sortant, parlant avec une amie, je me demande si le théâtre peut aider à sortir de la théâtralisation des rapports humains, au-delà du spectacle qui renvoie plutôt chacun à son individualité, en particulier dans une ville qui souffre d'absence de lieux de dialogue et de rencontre, comme un media peut paradoxalement permettre de rapprocher.
La pièce rapporte les témoignages réels des voyages puis d'une partie des difficultés des sans-papiers. Un seul acteur évoque la Françafrique et les raisons politiques exogènes et raisons économiques des migrations. Le tract parle de migrants de Côte d'Ivoire, et il y aurait tant à dire sur la politique française catastrophique dans ce pays dans les années 2000.
Le débat permet ensuite de parler des sans-papiers en général, du groupe présent et de la pièce. Stefan Le Courant insiste sur les arrestations régulières jusqu'à 100 000 pour 6 000 expulsions, sur les effets de la vie sans papiers : la perte de repères, l'incompréhension de la logique de l'Etat, le doute de tout même avec les proches, l’hyper-vigilance et le stress, l'omniprésence de l'argent pour trouver des solutions. Il évoque aussi le travail dans la restauration, la sécurité, le bâtiment, domaine où le travail n'est pas délocalisable.
La troupe de théâtre a rencontré en octobre novembre 2014 des habitants du 81 avenue Victor Hugo. Quelques-uns se sont portés volontaires pour être comme des porte-paroles du groupe au travers du théâtre, pour continuer la lutte collective, pour les papiers et le logement. Il n'y a pas eu de femmes parce qu'à l'automne, elles étaient peu nombreuses dans le lieu et parce qu'elles avaient plus de difficultés à se rendre disponibles. La pratique du théâtre a donné confiance aux acteurs, mais les autres dans le squat restent avec leur peur.
La question de la mise en scène du parcours de migration pose question aussi. Est-ce des "aventures" vers des "destins" ? qui sortent des spectateur-trice-s d'une routine ? Il y a aussi des éléments vécus pas facilement transposables en langage théâtral.
Le théâtre de la Commune, pourtant Scène nationale, a pu accueillir cette pièce grâce aux Pièces d'actualité, un espace plus libre de programmation, parce que, sinon, les programmations sont faites sur un an, et qu'il faut donc en général 2 ans entre le démarrage d'un travail et le passage sur scène.
Alors que je sais que le ministre de l'intérieur est parti au Niger pour parler des migrations et que l'Union européenne décide d'une force navale au large de la Libye (EUNAVFOR Med confirmée le 18 mai), je ne préfère pas intervenir sur la relation entre politique intérieure et politique étrangère française, parce que les témoignages des migrants sont personnels et peu liés à des questions de politiques générales et que dans le public, il y a quelques personnes avec des positions caricaturales dénonçant le "grand capital" responsable de tous les maux de la terre!
En sortant, parlant avec une amie, je me demande si le théâtre peut aider à sortir de la théâtralisation des rapports humains, au-delà du spectacle qui renvoie plutôt chacun à son individualité, en particulier dans une ville qui souffre d'absence de lieux de dialogue et de rencontre, comme un media peut paradoxalement permettre de rapprocher.
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