J'avais un très bon souvenir de la Fête de l'insurrection gitane de 2014, et j'y retourne malgré quelques doutes préalables en lisant le programme des débats. L'an passé, le sociologue Eric Fassin avait présenté son livre "Roms et riverains.Une politique municipale de la race", qui m'avait fait réagir sur les risques de l'utilisation performative du terme "race", en français utilisé comme en anglais. Ce dimanche, j'arrive à l'heure des débats, et je n'ai pas la chance de voir des groupes de musiques qui me détende.
Le premier débat est sur le féminisme, et je n'ai pas pris de notes. Ce débat
m'a déçu, limite agacé. J'entends le terme 'race', en français, qui revient plusieurs fois avec la certitude de leurs existences. Une universitaire américaine parle de la "communauté noire" là-aussi avec une vision américaine historique et culturelle, qui m'évoque une perception divisée et figée dans ses divisions de la société qui pourrait être en lien avec une perception rêvée ou mythologique, d'une unité africaine originelle qui mélangerait des fantasmes sur la couleur de la peau et sur une identité culturelle en Afrique. Peut-être ?. Dans tous les cas, l'Afrique que je connais est culturellement riche, diverse, autant que peut-être l'Europe, et les migrant-e-s gardent leur diversité; ce n'est pas le regard déformant et simplificateur qui est souvent posé sur eux et elles qui détermine leur 'identité'. Cela me rappelle aussi la difficulté de certain-e-s à comprendre la diversité culturelle en Europe. Une intervenante se présente comme victime sociétale stigmatisée comme "non-blanche, arabe, femme, musulmane". Quelle victimisation secondaire ?
Le seconde débat 'colonialisme et génocide' est plus intéressant mais ne correspond pas vraiment au titre. Richard Wagman intervient en premier pour l'Union juive française pour la paix (UJFP). Saïd Bouamana définit un "culturalisme" comme un "mode de hiérarchisation qui a remplacé le racisme devenu inacceptable". Pour lui, "l'Etat racialise la société", et "racialisation et culturalisme visent noirs, arabes et musulmans", "nous" dit-il. Eric Fassin a peut-être un peu changé d'éléments de langage: il parle de politique de racialisation, et pas de politique de la race comme dans le titre de son livre en 2014. Lui aussi utilise le terme de 'culturalisme'.
Dans un texte de Saïd Bouamama, Jessy Cormont, Yvon Fotia extrait du "Dictionnaires des dominations" il y a une explication: "Le culturalisme contemporain tend donc à se transformer en idéologie de la domination : la vision culturaliste contemporaine tend à produire l’autre en le réduisant à une différence non pas biologique mais culturelle [1 : Ce qui n’exclut pas une biologisation de la culture, par l’essentialisation qui accompagne souvent cette projection.] Ce qui n’exclut pas une biologisation de la culture, par l’essentialisation (...)"; La culture est un facteur explicatif majeur (éventuellement masqué), mais elle est aussi une forme euphémisée de la biologie, parce qu’elle est figée, voire naturalisée. Et puisque la culture est un facteur figé, elle n’est pas susceptible de modifications, d’influences, de formes composites, de formes nouvelles et émergentes, et les formes culturelles sont renvoyées à leur origine culturelle – ce qui exclut toute invention culturelle qui fait du neuf avec du vieux, voire même éventuellement du neuf avec du neuf."
Le seconde débat 'colonialisme et génocide' est plus intéressant mais ne correspond pas vraiment au titre. Richard Wagman intervient en premier pour l'Union juive française pour la paix (UJFP). Saïd Bouamana définit un "culturalisme" comme un "mode de hiérarchisation qui a remplacé le racisme devenu inacceptable". Pour lui, "l'Etat racialise la société", et "racialisation et culturalisme visent noirs, arabes et musulmans", "nous" dit-il. Eric Fassin a peut-être un peu changé d'éléments de langage: il parle de politique de racialisation, et pas de politique de la race comme dans le titre de son livre en 2014. Lui aussi utilise le terme de 'culturalisme'.
Dans un texte de Saïd Bouamama, Jessy Cormont, Yvon Fotia extrait du "Dictionnaires des dominations" il y a une explication: "Le culturalisme contemporain tend donc à se transformer en idéologie de la domination : la vision culturaliste contemporaine tend à produire l’autre en le réduisant à une différence non pas biologique mais culturelle [1 : Ce qui n’exclut pas une biologisation de la culture, par l’essentialisation qui accompagne souvent cette projection.] Ce qui n’exclut pas une biologisation de la culture, par l’essentialisation (...)"; La culture est un facteur explicatif majeur (éventuellement masqué), mais elle est aussi une forme euphémisée de la biologie, parce qu’elle est figée, voire naturalisée. Et puisque la culture est un facteur figé, elle n’est pas susceptible de modifications, d’influences, de formes composites, de formes nouvelles et émergentes, et les formes culturelles sont renvoyées à leur origine culturelle – ce qui exclut toute invention culturelle qui fait du neuf avec du vieux, voire même éventuellement du neuf avec du neuf."
L'historienne Sarah Carboma parle de "production de savoir racisé" de "savoir occidentalo-centré", de "rromophobie" ou de "tziganophobie". Son intervention est presque incompréhensible tellement elle enchaîne les termes universitaires abstraits, elle ne semble pas se rendre compte du cadre du débat. Elle se reprend ensuite dans le débat pour expliquer le passage au XVe siècle d'une "alterité" et d'une "adnormativité"(?) à une "extériorité". Elle l'explique encore mieux dans le texte 'Identité versus épistémologie romani. Entre essentialisme et universalisme' : "La modernité a abolit un groupe de distances, considéré comme révocables, mais en fait bien utile car indirectement protecteur. A l’époque médiévale, l’ « Autre » n’empêchait pas l’intégration. Il est donc aisé de comprendre pourquoi apparaît la question de l’identité. D’abord comme la réaction à une dissolution du tissu social, la disparition des points de référence traditionnels, l’émergence du concept de normativité garante de la centralité de l’État et de l’organisation politique ainsi que l’apparition du concept occidental et moderne d’individualité. La cristallisation des identités romani en Europe s’opère justement à ce moment précis. Juste à l’interstice de ce que Michel Foucault appela la première « césure épistémologique » opérée en Occident et qui caractérise le passage de l’époque médiévale à l’époque moderne." Elle dit à St-Denis qu'au XVe siècle on est pas de l'âge de l'interprétation (herméneutique) à l'âge de raison à l'époque sont arrivés en Europe, et s'est créé "un rapport en miroir négatif".
Enfin, après avoir pris comme exemple la loi contre le foulard pour parler des discrimination systémique, Saïd Bouamama parle à la fin du débat de "blanchité" : "l'enfant est intégré dans la blanchité" et il y a "transmission du stigmate xénophobe".
Enfin, après avoir pris comme exemple la loi contre le foulard pour parler des discrimination systémique, Saïd Bouamama parle à la fin du débat de "blanchité" : "l'enfant est intégré dans la blanchité" et il y a "transmission du stigmate xénophobe".
Pour conclure et ne rien conclure... et pour ceux et celles qui ont tenu jusqu'à là - des articles comme celui-ci j'en écrirai pas tous les jours - ce soir, j'étais dans une librairie et j'ai ouvert un livre et j'ai lu cette phrase d'un jeune sociologue qui a été avec des étudiant-e-s de St-Denis observer les bourgeois dans le VIIIe à Paris : "Les races existent, sociologiquement et pas biologiquement, parce que le racisme fait qu'elles existent." Est-ce que cela a un rapport ? Peut-être bien... Ainsi, des "races" "existeraient" pour le sociologue, mais est-ce que ce n'est pas le sociologue qui existe parce qu'il manipule des concepts qui confortent la perception d'une division des populations sur laquelle se fonde son travail et sa propre existence de chercheur ? Je suis sans doute incapable de conclure quoique ce soit à part des doutes sur un certain nombre de concept. Je me demande s'il n'y a pas parfois des cercles vicieux. Et dire que j'étais parti à la Fête de l'insurrection gitane pour écouter de la musique et surtout ne pas réfléchir.
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