Africain à Paris, je suis un piètre citoyen
français, mais je me déplace néanmoins à l’école primaire pour écouter la
LDH sur l’Etat d’urgence. L’avocate Dominique Noguères intervient. Elle
alerte sur la surveillance électronique et les perquisitions depuis le 13
novembre, qui ont surtout servi à lutter contre la petite délinquance, les
assignations à résidence préventives basées sur des soupçons, l’augmentation du
contrôle de la société, qui peut toucher les militant-e-s associatif-ve-s et
syndicaux-ales, la déchéance de nationalité, la stigmatisation d’une partie de
la société, la modification de la constitution dangereuse.
Elle décrit la « fin de l’Etat de droit
classique » quand le juge judiciaire, non maîtrisable, est remplacé par un
juge administratif.
Selon elle, le chômage est occulté, le débat sur
la politique étrangère oublié. OK, çà c’est mon domaine, j’approuve. Et je
profite que personne ne m’écoute pour signaler que Laurent Fabius comme
ministre des affaires étrangères a un très mauvais bilan en dehors de la
question du climat. Il semblait assez peu compétent, assez peu motivé, et des
informations circulaient comme quoi il était malade physiquement, point gênant sur
lequel les media n’ont pas trop insisté, mais qui semble avoir eu un impact sur
sa capacité à prendre en charge des dossiers. C’est aussi tout cela qui a fait
que Jean-Yves
Le Drian est devenu le « ministre de l’Afrique ».
Le débat revient beaucoup sur Aubervilliers. On se
demande que faire. Il faut de la pédagogie, comme le montre la réaction d’une
personne qui quitte la salle après avoir contesté par des arguments simplistes.
Cela parle de la guerre d’Algérie, mais je trouve alors la généralisation hâtive.
Nous ne sommes plus dans les années 1990, l’inconscient colonial persiste
certes, mais il y autre chose dans l’air, un mélange de problématique complexe
qui demande une réflexion complexe pour être désamorcé. Par exemple le racisme
est maintenant très mélangé avec de la xénophobie à plus forte dose mais aussi
avec du rejet culturel, et l’action de l’Etat quand elle s’imprègne de cet inconscient
collectif est traversé de tensions contradictoires et plus complexes.
Je quitte la salle discrètement, attiré par d’autres
questions et réflexions.
Régis Marzin, article écrit et publié le 11.4.16
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