2015 aurait été déclarée "Année européenne pour le développement" ? Je n'en avais pas entendu parler, étrange! A la Maison de l'Europe de Paris, dans le Marais, l'association Sauvons l'Europe organise une conférence sur ce sujet peu connu, peu médiatisé, de la coopération européenne. La conférence est intitulée 'Année européenne pour le développement : regards sur six décennies de coopération et leçons pour l'avenir'. Y participent, de gauche à droite, Gérard Vernier, ancien fonctionnaire européen à la direction générale du Développement et de la Coopération - EuropeAid à la Commission européenne, Solen Menguy de Sauvons l'Europe, animatrice, Clément Cheissoux, chargé de mission Climat et Développement sur le départ à la Fondation de France, et Brigitte Améganvi, présidente de Synergie Togo.
Gérard Vernier trace un historique de l'aide au développement européenne depuis 60 ans, précis, utile, mais ne questionne pas vraiment la politique européenne. Brigitte Améganvi évoque une certaine compromission de l'Ue au Togo entre politique de développement peu efficace et services rendus au pouvoir. Elle ne rentre pas dans le détail du scandale de la politique européenne au Togo. Clément Cheissoux défend l'agriculture paysanne. Le débat permet de souligner des incohérences de la politique européenne, souligne légèrement les ambiguïtés européennes concernant la démocratie et les droits humains, d'autant plus que l'exemple choisi, le Togo pousse dans cette direction. Mais cela reste superficiel et j'apprends peu de choses qui puissent m'être utile. Sur le Togo, le rôle désastreux de Louis Michel n'est pas expliqué au public, alors qu'il a été question des arrêts et reprises de la coopération et de l'Accord de Cotonou. En rentrant, j'informe les organisateurs en leur proposant par mails quelques documents supplémentaires sur le sujet, en particulier sur la politique européenne sur la démocratie et au Togo :
- Mon dossier début 2015: " Union
européenne et élections en Afrique en 2015 et 2016 : relancer la relation
Europe – Afrique par un soutien accru à la démocratisation", et la lettre
du Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique associée
qui en résume assez bien les idées : "9 propositions à
l’UE pour soutenir la démocratisation en Afrique" qui recommandait
de " Redéfinir la politique européenne en accord avec les Etats membres,
en rééquilibrant les trois grands pôles, politique de défense et sécurité,
politique de développement économique et politique de soutien à la démocratie
et à l’Etat de droit, dans le sens d’un soutien accru à la démocratie.
- Sur la piètre performance de l'Ue lors de la présidentielle togolaise de
2015, l’échange du Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et
Politiques en Afrique avec le Directeur Afrique au SEAE : "UE
– Togo et politique européenne – Lettre ouverte à Nicholas Westcott".
Nicholas Westcott a quitté mi-décembre son poste de directeur Afrique du Seae de l'Ue.
- Le "New
Action Plan on Human Rights and Democracy (2015-2019)" de juillet 2015
et le "Projet
de rapport annuel de 2014 sur les droits de l'h,omme et la démocratie dans le
,monde et sur la politique de l'Union européenne en ,la matière" de la
Commission des affaires étrangères du Parlement européen de septembre 2015, deux documents qui montrent que la politique européenne en Afrique est toujours en cours de définition.
L’absence de maturité de la politique européenne n’est
pas uniquement due aux divergences entre Etats membres, évoqués ce soir. Il y a
déjà de nombreuses décisions qui ont été prises qui correspondent à des
directions. Ces choix sont déjà discutables, par exemple la priorité donné à une politique très budgétaire permettant
un ‘soft power’, une influence douce et large. C’est dans ce cadre que l’Ue
vient de décider, en décembre 2015, pour lutter contre les migrations, de fournir de l’aide
au développement à l’Erythrée, la pire dictature d’Afrique : le
scandale et l’incohérence sont immédiats puisque qu’il était évident que les
conditions définies dans l’Accord de Cotonou au niveau des droits humains n’étaient
pas respectées. Pourtant, la décision est passée assez inaperçue. L’enjeu de la
relation entre Europe et Afrique, bien qu’essentiel reste méconnu, sans doute
parce que les regards, sur les deux continents, restent d’abord nationaux.
Régis Marzin, écrit et publié le 16.1.16
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