Ce samedi matin, un attroupement attire l’attention de
quelques curieux entre la mairie et l’église d’Aubervilliers. Il s’agit d’une
conférence, d’un cours, un peu atelier. Fanny Delaunay de l’Université Paris 8 à Saint-Denis propose ce cours dans un cycle sur « la face cachée des projets
urbains ». Sont présent-e-s un groupe d’étudiant-e-s et deux autres
personnes, dont moi. Les étudiant-e-s devront un moment dessiner des bâtiments.
Le cours commence par l’histoire d’Aubervilliers, au
moyen-âge « village
des vertus », organisé autour de l’actuelle rue du Moutier, proche de
Saint-Denis, la ville d’enterrement des rois de France, terre importante aussi
pour l’église catholique. Le diocèse de Saint-Denis était un important
propriétaire terrain à Aubervilliers jusqu’à ce qu’il vende pendant l’industrialisation
entre 1820 et 1850. A Saint-Denis et Aubervilliers, la distance rapprochée
entre églises et mairies signale cette histoire ancienne prégnante de l’église
catholique.
La population a gonflé très rapidement dans la seconde
partie du XIXe siècle. Les ouvriers des usines ont remplacé les ouvriers
agricoles maraîchers. Les terres ont été bâties et le maraichage a
progressivement disparu. Les anciennes fermes restent visibles au centre de la
ville, dans les porches qui donnent sur les cours. Ces cours étaient autrefois
des lieux très vivants, avec des enfants qui jouaient, et, ne le sont plus
guère, me semble-t-il. Au centre, se côtoient ces anciennes fermes transformées,
agrandies, des maisons de style bourgeois, et des constructions plus récentes.
Le tramway à chevaux a été installé en 1877 et a duré jusqu’aux
années 30. Il passait à la mairie dont l’entrée était alors côté rue. A partir
de 1930, a commencé la séparation des zones de travail et de logement, avec une
priorité accordée à l’augmentation de la vitesse de transport, jusqu’à l’arrivée
massive de la voiture dans les années 60. Des architectes et urbanistes de la Charte d’Athènes
ont poussé dans cette direction.
Le cours se prolonge vers le Canal Saint-Denis, où sont
visibles quelques vieilles usines. Aubervilliers était proche des abattoirs de
la Villette, et se sont installées à partir de 1850, entre autres, des
industries de transformation des matières restantes des animaux, des industries
très polluantes et odorantes. Très longtemps, Aubervilliers a été stigmatisée
comme une ville avec une mauvaise odeur, liée à ces activités
chimiques assez sinistres. Les activités était aussi dangereuse
sanitairement pour les ouvriers. L’aménagement dépendait de Paris qui voulait
les activités polluantes au Nord-Est, les vents dominants étant ceux du
Sud-Ouest.
Les ouvriers arrivés à partir de 1850 pouvaient être
allemand, alsaciens, bretons, … des déplacements nationaux surtout. Puis sont
venus au XXe siècle italiens, espagnols et portugais, autour du Landy, qui tire
son nom de la ‘foire du
Lendit’, très grande foire qui a débuté au IXe siècle.
Régis Marzin, 7 octobre 2017,
article écrit de mémoire, notes perdues en rentrant.
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