Photos :
de gauche à droite, 2 musiciens, Eric et Montana, Lexxus Legal, Florent De La
Tullaye et Jupiter Bokondji
Cette semaine débute
le festival Africolor,
festival de musique
africaine en banlieue parisienne. Il commence à Aubervilliers par
une projection-débat sur l’engagement de chanteurs de Kinshasa. L’association
Congo Action, qui aide des enfants des rues à Kinshasa, participe également à
la soirée.
Le premier film
présenté est le court-métrage documentaire ‘La révolte dans les maux : une
histoire du Hip Hop africain’ de Constant Popot et Léa Lecouple (2017 France) qui
raconte brièvement l’histoire des mouvements citoyens en Afrique, depuis Y’en a
marre au Sénégal, tels qu’ils étaient apparus à Africolor en 2016. Africolor s’était
associé l’an passé au Centre de recherches internationales (Céri) de
Sciences Po Paris qui avait organisé un colloque « Politique de la rue :
mobilisations citoyennes, violence et démocratie en Afrique » relié à un
concert à Bobigny. Ce colloque avait été un moment
de mobilisation important associant des artistes et des universitaires, de France
et d’Afrique, un moment de rencontre pour des actions futures.
Le second film est ‘La
danse de Jupiter’ de Florent De La Tullaye et Renaud Barret (documentaire,
73 min, 2004-2006, France et RDC) qui présente le chanteur Jupiter Bokondji et
ses musiciens. Le film est aussi une sorte de reportage sur une partie de
Kinshasa, ville innervée par la musique, passionnant. Jupiter et ses musiciens,
Okwess, sont aussi le vendredi 17
en concert à Pantin avec le rappeur Lexxus
Legal, qui avait déjà participé au colloque de Sciences Po et au concert de
Bobigny en 2016.
En introduisant le
débat, Lexxus Legal explique qu’il est rare
pour des congolais de jouer en France depuis 5 ans, depuis que les «
combattants » anti Kabila manifestent contre les concerts des artistes qui
ne s’engagent pas contre Kabila.
Pour Jupiter, parlant
du film tourné en 2004, les choses ont bougé surtout depuis qu’avec internet « les
gens ont commencé à réfléchir autrement ». Il est assez catégorique :
« le problème de l’Afrique, c’est l’occident ». Un professeur congolais
dans le public acquiesce en parlant de la visite
de Mitterrand au Congo en 1984. Lexxus
Legal les contredit en disant que les problèmes viennent aussi des africains et
que ceux-ci, auront des réponses, car : « nous cherchons à construire
chez nous ».
Depuis
le colloque de Sciences Po, le combat des mouvements citoyens a continué au
Congo Kinshasa en ébullition dans l’attente
de la présidentielle et d’une véritable transition vers la démocratie. J’interroge
Lexxus Legal sur les actions des musiciens depuis 2015. En mars 2015, Y’en a
marre et de Balai citoyen avaient été invités par le mouvement citoyen
congolais Filimbi à participer à un atelier à Kinshasa. Le pouvoir avait
répondu brutalement en expulsant
les rappeurs et activistes sénégalais et burkinabé, en emprisonnant Fred
Bauma, ce qui avait poussé à l’exil en Belgique, les autres leaders de Filimbi. Joseph Kabila montrait alors qu’il ne voulait pas de
mobilisation contre lui par la musique. Depuis les musiciens sont moins
visibles et le mouvement la Lucha en RDC comportent de jeunes militants
politiques qui ne peuvent rassembler plus de monde par des concerts. Ce 15
novembre, la Lucha organisait justement ville
morte et manifestations. Lexxus Legal me répond
que les « artistes sont offensifs » et que comme Valsero au Cameroun,
qui a créé un mouvement, ils ressentent que la musique ne suffit pas et
discutent de s’engager autrement, lui en particulier.
La soirée se termine autour d’un pot, qui permet d’approfondir
les discussions.
Régis Marzin,
Article écrit et publié le 17 novembre 2017
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