Le Collectif Urgence Darfour, dirigée par Jacky Mamou, a organisé
une soirée
axée sur l’esclavage en Libye, à la Mairie centrale de Paris ce mercredi 14
février. Une dizaine de partenaires se sont associés, dont SOS Racisme et la
Licra. Les intervenants sont Jacky Mamou, Audrey Pulvar de la Fondation pour la
Nature et l’Homme, Mario Stasi, de la Licra, Sacha Ghozla de l’UEJF, Pierre
Henry de France Terre d’asile, David Gakunzi, écrivain,
Ibrahima Diallo, militant mauritanien, Emmanuel Cordien, du Comité de la marche
du 23 mai 1998 et antillais, et Dominique Sopo de Sos Racisme. Je suis arrivé
au moment de l’intervention de Mario Stasi.
Ces intervenants sont inégaux. Certains, la Licra, l’UEJF,
et Sos Racisme, apportent un soutien sans expertise sur la situation politique en
Afrique. La partie sur l’esclavage en Mauritanie et la traite transsaharienne
est assez bancale, les propos d’Ibrahima Diallo des Forces de libération
africaines de Mauritanie étant trop enflammés pour être crédibles, d’autant
plus que d’autres spécialistes de l’esclavage en Mauritanie tiennent des propos
différents et plus étayés. Les recommandations finales sont faites par Dominique
Sopo, qui, par ses commentaires polémiques et assez mal documentés, les a plutôt
embrouillées, au point qu’il soit délicat de vouloir en faire un résumé.
Trois vidéos de soudanais filmés à Paris par Mathieu Kas apportent
des témoignages très durs de parcours complexes et douloureux et de traite d’êtres humains en Libye ces dernières
années.
David Gakunzi fait un très bon exposé anti-'complotiste
pro-Khadafi' dans lequel il démonte la rumeur d’un Khadafi libérateur de
l’Afrique, genre ‘les occidentaux pillent l‘Afrique et les ennemis de mes
ennemis sont mes amis’. Le complotisme du Moyen-orient et du Maghreb déborde
sur l’Afrique subsaharienne au point qu’il faille démentir des rumeurs en
conférence. Il poursuit en dénonçant les dictatures qui provoquent des flux
migratoires et indique que ce qui est reproché à des pays démocratiques en
Europe « n’est pas une ingérence pour imposer des valeurs démocratiques
mais au contraire le fait d’être trop proches des tyrannies ». Il demande donc aux
gouvernements « d’aider ceux qui combattent les dictatures ».
L’exposé de Pierre Henry de France Terre d’asile constitue sans
doute le cœur du discours de la soirée. Celui-ci rappelle que le
Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme (HCDH-OHCHR), Zeid
Ra’ad Al Hussein s’est plaint
le 14 novembre 2017 que « la
politique de l’UE consistant à aider les garde-côtes libyens à intercepter et
renvoyer les migrants (est) inhumaine ». Il dénonce l’utilisation d’ « Etats-tampons
comme gardes-frontières », la « sous-traitance » et le « financement
déshonorant d’une milice par l’Italie à Sabratha ».
Pour lui, « l’Europe
mérite mieux » et le « rôle des garde-côtes financé par l’Ue est à
interroger ». Il demande de vider les centres de rétentions et la réinstallation
des réfugiés en Europe en plus des évacuations pour retour vers d’autres pays d’Afrique
de 17 000 personnes selon l’Office International des migrations (OIM). Il
constate qu’alors que le OHCHR compte « 45 000 étrangers en Libye
éligibles au statut de réfugié » parmi 700 000 étrangers, et que le « HCR
voudrait 40 000 places de réfugiés », « l’Ue n’en a promis que
10 000 » et « la France seulement 3000 d’ici 2019 ». Selon
lui, le défi pour l’UE se situe dans « l’ouverture de voies légales »,
alors que les décisions du Sommet de Valette à ce sujet ne sont pas appliquées.
Il conclut sur la nécessité pour les pays africains « d’investir
dans la démocratie et le développement ». Sur la Libye en particulier, il
demande que l’on « refuse l’impunité à ceux qui ont fait le commerce d’êtres
humains », « la mémoire partagée de l’humanité étant en jeu ».
Régis Marzin,
article compte-rendu écrit et publié le 15.2 .18
article compte-rendu écrit et publié le 15.2 .18
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