Le débat "le mal logement",
avec comme principale intervenante la Ministre du logement, Emmanuelle Cosse,
a lieu ce lundi à Aubervilliers au café culturel ‘le Grand bouillon’. Il a été
organisé par Elisabeth Guigou, députée d’Aubervilliers
et Evelyne
Yonnet, sénatrice. Intervient également, Nancy Bouché, ancienne
inspectrice générale de l’Equipement, actuellement en retraite mais toujours
très active, qui a été Présidente du Pole national de lutte contre l'habitat
indigne de 2002 à 2009.
Le débat doit parler des thèmes « habitat
insalubre, marchands de sommeil, logement social », et en introduction, Elisabeth Guigou insiste
sur l’habitat indigne et les marchands de sommeil.
Evelyne Yonnet indique que 10% du parc locatif privé
en Seine-St-Denis est de l’habitat indigne. Aubervilliers a la particularité d’avoir
beaucoup de logement d’une ou 2 pièces et de « propriétaires occupants impécunieux »,
au point que « les plus pauvres sont les propriétaires privés ». Elle
rappelle les projets de rénovation urbaine des quartiers 4 chemins-Villette et
Landy, et évoque des Plans de sauvegarde de
copropriétés endettées. Le temps d’attente pour obtenir un logement
social est de 8 ans. Elle signale la présence d’une Pension de famille ou Maison-relais.
Au Sénat, une loi présentée par Évelyne Yonnet et Jean-Pierre
Sueur, est en préparation sur l’habitat indigne et les
marchands de sommeil, en lien avec Emmanuelle Cosse. La sénatrice parle des
lits superposés, des appartements avec entre 10 et 15 adultes et des enfants en
plus. Quatre propriétaires ont été condamnés et un autre est proche de l’être.
Paris a éradiqué son logement indigne mais cela a repoussé les « propriétaires
malfaisants » vers la banlieue proche.
Emmanuelle Cosse était vice-présidente de la Région Ile-de-France chargée du logement avant d’être
ministre. Elle constate que le ‘droit de propriété est très protégé’. Les
éléments de langages sont nuancés : elle différencie les « propriétaires négligents »
des marchands de sommeil, en constatant que « tous font de l’argent »
et que la question est aussi « d’éradiquer le commerce de l’insalubre ».
La loi Alur de 2014 prévoyait déjà une « police de l’insalubrité »,
avec des sanctions contre les marchands de sommeil, des blocages au niveau de
la CAF, des « permis de louer », des « permis de division ».
En ce moment, il y a des « divisions pavillonnaires avec une
famille par pièce ». Concernant le parcours législatif de la loi, elle attend
les réponses de la Cour constitutionnelle.
La ministre constate l’absence de relogement des DALOs
(Droit au logement opposable) dans certains départements, dont les
Hauts-de-Seine, 28% seulement, le Var, le Vaucluse, qui ne respectent pas la Loi
relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU),
alors que Paris et le 93 relogent 90%. Elle redoute les projets du candidat
Fillon. Il y a des problèmes dans 100 communes sur 3600. Elle « n’insiste
pas sur les effectifs du Tribunal de Bobigny ».
Nancy Bouché regrette que les « sans-papiers soient
les premières victimes », puis, se plaint de l’absence d’un site internet
qui centraliserait toutes les informations sur l’insalubrité. Elle affirme que « contre
les marchands de sommeil, le plus efficace, ce sont les travaux d’office »,
et qu’il faut « la police d’abord, la discussion après, et non pas l’inverse »,
comme cela semble être le cas très souvent.
Pendant le débat, le Maire de Pantin, Bertrand Kern, regrette « un droit de propriété trop fort, qui
bloque les projets des mairies contre les marchands de sommeil, qui, eux,
multiplient les procédures pour gagner plusieurs années, avec des loyers au
noir ».
Emmanuelle Cosse indique que, grâce à la loi SRU,
avec les 25% de logements sociaux, il y a un enjeu de 700 000 logements.
Elle signale un besoin qui grossit de logement pour les retraités, des
difficultés dans les successions en indivision, le manque de magistrats et d’officiers
de police judiciaire associés. Elle souhaite des brigades spécialisés. Elle
regrette, citant l’arrivée de la Ligne 12 à Aubervilliers, le « phénomène
d’éviction des populations les moins favorisées » (sous-entendu
« par un phénomène de « gentrification » »).
En conclusion, Elisabeth Guigou propose de commencer
par rencontrer en délégation le président du Tribunal de Bobigny.
Le débat montre l’importance d’Aubervilliers, ville
à la fois pauvre et proche de Paris, dans les débats législatifs. Plusieurs
personnes félicitent Evelyne Yonnet pour ses efforts sur le terrain et au sénat.
Régis Marzin
Compte-rendu écrit et publié le 11 janvier 2017
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