Paris, auditorium du Louvres, vendredi 24 juin, 20h. Je suis ému d'entrer dans le Louvres, pour aller voir un film et écouter un concert. Le responsable de la salle nous explique que les musicien-ne-s arrivent juste maintenant 20 minutes en retard parce que leur train a été bloqué tout l'après-midi. Avec mon voisin, on décode que le train venait de Londres en pleine la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne. .
Le film, c'est "Les fruits du paradis (nous mangeons)" de Vera Chytilova, film tchèque de 1970, sans le son. La musique sur scène, c'est le groupe de Thurston Moore, avec James Sedwards en seconde guitare, Ich Newman à la batterie (et pas Steve Shelley comme je croyais), Debbie Googe à la basse. Thurston Moore a choisi le film, comme il a choisi deux autres films pour deux soirées précédentes.
Je suis au troisième rang, au centre, j'ai le son des trois amplis dans les oreilles, assez fort, des amplis massifs avec un son comme j'entends rarement. Ce que je vois et j'entends, c'est ni le film ni le groupe, c'est une œuvre originale, un mélange de 2 choses.
Le film commence par une peinture du paradis des couples, en images superposées, magnifiques, et les musiciens démarrent avec la même intensité. Cela dure 1h40 et un morceau de plus. Je sens le guitariste de Sonic Youth inspiré, peut-être lié à l'histoire par sa propre histoire. C'est impossible à décrire, parce que cela va au delà de la compréhension du scénario du film, des impressions visuelles, du plaisir à écouter une musique. Il y a un effet inédit, multiplicateur du plaisir. Film et musique sont parfois en décalage émotionnel rythmique, mais peu importe. Le mélange des images et de la musique décalées seraient comme la manière de raconter un rêve qui s'éloigne du rêve pour dire autre chose. Il est question d'amour, de couple, de désamour, de connaissance, de flirts, de désir, de mort, et surtout pas de dieu. Les images et les situations à l'écran, sont elles-mêmes très poétiques, symboliques, rêveuses. Elles ne se comprennent pas rationnellement. La musique enfonce dans une perception plus inconsciente encore.
Alors, il n'y a rien à en dire. Chaque spectateur-trice sort avec un changement indescriptible en lui et, sans doute, attendra la nuit, seul-e ou accompagné-e, pour voir si demain matin un rêve lui révélera quelque chose de nouveau.
Merci à Thutston Moore et à son groupe.
Régis Marzin, 24 juin, minuit 55
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