mercredi 21 septembre 2016

21 septembre 2016, Paris : Gabon : conférence de presse des avocats

Alors qu’à Libreville, toute l’attention est portée sur l’exercice de la Cour constitutionnelle, à Paris, les avocats Eric Moutet, avocat de Jean Ping, et William Bourdon, organisent une conférence de presse ce mercredi 21 septembre à midi, avec un témoin du massacre du QG de Jean Ping par la Garde républicaine le 31 août. Sont présents RFI, AFP, TV5 monde, Le Point, …
Les avocats présentent deux plaintes de franco-gabonais déposées au TGI de Paris, auprès de la Juge Aurélia Devos et du pôle génocide et crime contre l’humanité, pour "arrestation et détention arbitraire en bande organisée, torture et actes de barbarie en bande organisée, tentative d'assassinat et crime contre l'humanité". Ils annoncent une autre plainte aux USA et une demande d’enquête de leur part à la Cour Pénale Internationale (CPI).
Me Eric Moutet insiste sur la présence du camp des soldats français à 400m du QG. Des gabonais ont demandé à l’ambassade de France d’intervenir pour arrêter le massacre. Il y a là une forme de « non-assistance » à personne en danger.
Le témoignage du franco-gabonais présent dans le QG est terrifiant. Il est demandé à la presse de préserver son anonymat. 500 personnes se trouvaient au QG avant l’attaque. Il décrit les tirs de l’hélicoptère faisant les premiers blessés et tués, puis l’attaque de la Garde républicaine, d’une cruauté extrême : « un œil arraché, une main arrachée, un tibia coupé en deux, … sept corps morts» qu’il a vus (Le bilan non indiqué à la conférence de presse selon l’opposition pourrait être de 17 morts). L’homme a participé à soigner les blessés avec deux femmes avant d’essayer de fuir et d’être lui-même arrêté. Il décrit  juste à côté du QG un viol de soldats suivi de meurtre. Pendant l’emprisonnement, il explique qu’une femme enceinte à perdu ses deux enfants jumeaux devant ses co-détenu-e-s.
Un citoyen gabonais, Yannick Nambo, prend également la parole pour alerter sur l’imminence d’un nouveau massacre à la suite de la validation probable du coup d’Etat électoral par la Cour constitutionnelle. Il demande de « stopper le débat sur l’ingérence », rappelle que la MOE-UE était chargé de contrôler selon un protocole. Il prévoit que la communauté internationale risque de ne plus pouvoir agir en RDC si elle laisse faire au Gabon.  Il trouve « inadmissible de ne rien faire en sachant qu’un massacre se prépare ».
Me William Bourdon évoque l’hypothèse de la présence de mercenaires français, à étudier.
Il indique que « le rôle de la CPI, c’est de juger, mais aussi de prévenir, par la dissuasion ».
Eric Moutet signale, lui, que la convention signée entre l’Union européenne et l’Etat gabonais était contraignante en droit (international).
Dans les couloirs, les discussions continuent sur d’autres points. Par exemple, l’existence d’un charnier à la Cité de la démocratie à Libreville, signalé par un militaire à des journalistes gabonais.
La tension augmente en raison de la proximité de l’annonce de la Cour constitutionnelle pressentie comme favorable au coup d’Etat électoral, mais aussi en raison du silence anormal des acteurs internationaux depuis le début de l’exercice de cette cour. 
Comment va réagir la population face au hold-up ? Que vont faire l’ONU, le gouvernement français et l’Ue, ou même l’Ua dirigée par Idriss Déby et si souvent favorable aux dictateurs, en cas d’explosion sanglante ? La résolution de la crise sur ces deux aspects, droits humains et processus électoral, est essentielle pour la crédibilité de la communauté internationale et africaine.

Régis Marzin, écrit et publié le 22.9.16 à 22h

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