Alors qu’à Libreville, toute l’attention est portée
sur l’exercice
de la Cour constitutionnelle, à Paris, les avocats Eric Moutet, avocat de
Jean Ping, et William Bourdon, organisent une conférence de presse ce mercredi 21
septembre à midi, avec un témoin du massacre du QG de Jean Ping par la Garde
républicaine le 31 août. Sont présents RFI, AFP, TV5 monde, Le Point, …
Les avocats présentent deux plaintes de franco-gabonais déposées au TGI de Paris, auprès
de la Juge Aurélia Devos et du pôle génocide et crime
contre l’humanité, pour "arrestation et détention arbitraire en bande
organisée, torture et actes de barbarie en bande organisée, tentative
d'assassinat et crime contre l'humanité". Ils annoncent une autre plainte
aux USA et une demande d’enquête de leur part à la Cour Pénale Internationale
(CPI).
Me Eric Moutet insiste sur la présence du camp des
soldats français à 400m du QG. Des gabonais ont demandé à l’ambassade de France
d’intervenir pour arrêter le massacre. Il y a là une forme de « non-assistance »
à personne en danger.
Le témoignage du franco-gabonais présent dans le
QG est terrifiant. Il est demandé à la
presse de préserver son anonymat. 500 personnes se trouvaient au QG avant l’attaque.
Il décrit les tirs de l’hélicoptère faisant les premiers blessés et tués, puis l’attaque
de la Garde républicaine, d’une cruauté extrême : « un œil arraché, une
main arrachée, un tibia coupé en deux, … sept corps morts» qu’il a vus (Le
bilan non indiqué à la conférence de presse selon l’opposition pourrait
être de 17 morts). L’homme a participé à soigner les blessés avec deux femmes avant d’essayer
de fuir et d’être lui-même arrêté. Il décrit juste à côté du QG un viol de soldats suivi de
meurtre. Pendant l’emprisonnement, il explique qu’une femme enceinte à perdu
ses deux enfants jumeaux devant ses co-détenu-e-s.
Un citoyen gabonais, Yannick Nambo, prend
également la parole pour alerter sur l’imminence d’un nouveau massacre à la
suite de la validation probable du coup d’Etat électoral par la Cour
constitutionnelle. Il demande de « stopper le débat sur l’ingérence »,
rappelle que la MOE-UE était chargé de contrôler selon un protocole. Il prévoit
que la communauté internationale risque de ne plus pouvoir agir en RDC si elle
laisse faire au Gabon. Il trouve « inadmissible
de ne rien faire en sachant qu’un massacre se prépare ».
Me William Bourdon évoque l’hypothèse de la
présence de mercenaires français, à étudier.
Il indique que « le rôle de la CPI, c’est de
juger, mais aussi de prévenir, par la dissuasion ».
Eric Moutet signale, lui, que la convention signée
entre l’Union européenne et l’Etat gabonais était contraignante en droit (international).
Dans les couloirs, les discussions continuent sur
d’autres points. Par exemple, l’existence d’un charnier à la Cité de la démocratie
à Libreville, signalé par un militaire à des journalistes gabonais.
La tension augmente en raison de la proximité de l’annonce
de la Cour constitutionnelle pressentie comme favorable au coup d’Etat
électoral, mais aussi en raison du silence anormal des acteurs internationaux
depuis le début de l’exercice de cette cour.
Comment va réagir la population
face au hold-up ? Que vont faire l’ONU, le gouvernement français et l’Ue, ou
même l’Ua dirigée par Idriss Déby et si souvent favorable aux dictateurs, en
cas d’explosion sanglante ? La résolution de la crise sur ces deux
aspects, droits humains et processus électoral, est essentielle pour la crédibilité
de la communauté internationale et africaine.
Régis Marzin, écrit et publié le 22.9.16 à 22h
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