A Paris, les yeux de la presse ‘Afrique’ sont depuis
un mois tournés vers le Gabon. D’autres pays en souffrent. Le coup d’Etat constitutionnel
sanglant d’octobre 2015 et le coup d’Etat électoral de mars 2016 à Brazzaville
s’éloignent dans le temps. Au printemps, la communauté internationale n’avait
presque rien fait pour aider ce pays, depuis laissé à la merci de son tyran sanguinaire
dans une indifférence certaine. La répression a continué. Le pays est sous une
chape de plomb, sans possibilité pour l’opposition de s’organiser.
Ce 22 septembre, tout près du siège de l’Unesco, la
plateforme Frocad-Idc organise une conférence de presse pour alerter sur l’aggravation
de la situation. Y interviennent Jean-Didier Ekori, Joseph Ouabari Mariotti,
porte-parole Europe du Frocad-IDc et l’avocat du Frocad et de l’Idc, Benjamin
Fa. Aux journalistes présents (AFP, Libération, …) est distribuée la liste des
détenus politiques, une centaine, la majorité depuis près d’un an, depuis
octobre et novembre 2015.
Le plus connu d’entre eux est évidemment Jean-Marie
Michel Mokoko, le candidat de la présidentielle, victime de l’inversion de
résultat, quand Denis Sassou Nguesso, estimé quatrième au premier tour s’est
auto-proclamé président en vertu de résultats inventés. Le dictateur de fait
souhaite empêcher Jean-Marie Michel Mokoko de continuer sa carrière politique,
il pourrait le laisser en prison des années. Est aussi emprisonné Paulin Victor
Makaya président du parti UPC. Selon le document distribué, Katengué Delly
Rufin, collaborateur d’André Okombi Salissa arrêté le 18 juin est décédé en
prison, « des suites de tortures ».
Des organisations de société civile et l’avocat Maurice Massengo-Tiassé ont remis au Conseil des droits de l'homme des Nations-Unies à
Genève le 11 août 2016, et à la Cour pénale internationale un rapport
sur les atteintes aux droits humains, mettant l’accent sur les
responsabilités du chef de la police Jean-François Ndenguet, entre autres organisateurs des crimes.
Dans le Pool, sous prétexte de recherche du
pasteur Ntumi, les « bombardements des hélicoptères militaires …
détruisent des villages, dévastent les cultures »… entraînent des « déplacements
de population en forêt ». Le dictateur congolais a fait venir des
mercenaires, désignés par Me
Maurice Massengo-Tiassé dans
Paris-Match, comme une troupe échappée du conflit centrafricain de 2013,
celle du chef rebelle « Martin
Koumtamadji alias Abdoulaye Miskine, avec plus d'un millier de ses combattants»,
sans compter, selon Joseph Ouabari Mariotti, dans la Garde Républicaine « des
réfugiés hutus depuis 1997 et des militaires de Mobutu ». Il peut y avoir
des « dizaines ou des centaines de morts » sachant qu’il n’y a pas d’accès
facile pour observer. Les journalistes se voient refuser leurs visas.
Le gouvernement français ne s’est pas prononcé
après le coup d’Etat électoral. Avant de partir, Hélène Le Gall, la conseillère
de François Hollande, prétextait l’excuse de l’ingérence, parce que « ce n’est pas une colonie »,
préférant plutôt aller vers la « négligence bénigne » face à « un
président de fait ». Les media français parlent très peu du Congo
Brazzaville. L’Union européenne a exprimé ses
doutes sur la « la crédibilité des résultats » de la présidentielle,
en renvoyant vers les législatives. L’Onu est dans la « logique d’un
dialogue inclusif », mais le rapport de Bathily n’a pas encore été publié
et est attendu. Les législatives qui sont prévues en février ou mars 2017 se
feraient avec un « déséquilibre Nord / Sud » qui garantirait la
victoire de Sassou avec une minorité de voix. Dans les conditions actuelles, selon
Joseph Oubari Mariotti, parlant pour la « plateforme Frocad-Idc-Composante
Jean-Marie Michel Mokoko », « nous n’iront pas ».
La plateforme Frocad-Idc-Composante
Jean-Marie Michel Mokoko demande la libération des prisonniers politiques, « la
fin des recherches policières contre le Pasteur Ntumi, et la fin de l’Etat de
siège » et « un dialogue national inclusif » véritable. Le 5 octobre, dans une conférence
de presse à Brazzaville Charles Zacharie Bowao a demandé un « cadre
paritaire préparatoire qui devrait en fixer l’ordre du jour et le mode
opératoire » du dialogue.
Régis Marzin, Article et écrit le 6 octobre 2016
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